Document édité par la Société Coopérative de la Région de FERE (S.C.A.R.F.)
Lors du 50 ème anniversaire 1934-1984
C'est en 1934 (ou de 1932 à 1934) que les Coopératives Agricoles de Fère-en-Tardenois
ont vu le jour, mais il faut rappeler qu'à l'origine, des hommes s'étaient déjà regroupés dès la fin
de la grande guerre en 1919, en créant le Syndicat de Reconstitution Agricole de Fère-en-Tardenois, avec pour objectif de faire redémarrer notre région éprouvée par la guerre (familles en difficultés, cheptel dévasté etc).
MMrs Emile REMY, Jean DAMERY, Victor BERTIN et Ernest PREVOST, animèrent ce syndicat qui
rendit les services nécessaires pour la remise en route des exploitations durement éprouvées
et dévastées.
Cette mission accomplie, dès 1922, le syndicat n'avait plus beaucoup d'activité, mais restait
malgré tout un moyen de contact et d'information sur les problèmes agricoles.
C'est le 12 septembre 1932, que le syndicat créa la Coopérative de Financement de récoltes de céréales, qui fut en quelque sorte une filiale du syndicat de Reconstitution.
Le premier magasin fut donc un baraquement mis à la disposition de la Coopérative par
le syndicat qui avait acheté cette baraque dite "Des Américains" aux services des Régions
libérées en 1922, ainsi qu'un terrain de 9 ares 64 à la Famille COURVOISIER, le tout situé
Avenue de la Gare. Aménagé, ce magasin a servi de stockage des blés et employait un seul
magasinier à temps partiel (Mr PAINVIN).
Ces biens, après avoir appartenu au Syndicat d'exploitants agricoles, sont devenus
la propriété de la S.C.A.R.F. en 1981 pour le prix symbolique de 1 Fr. mais à charge de verser
au Syndicat la valeur d'un quintal de blé par an, pour financer comme par le passé, des prix de moralité décerné à l'occasion du Comice Agricole, qui se déroule à Fère-en-Tardenois tous les
cinq ans.
Le premier conseil d'Administration était ainsi composé:
Président: Monsieur Georges BERTIN
Administrat: MMrs Victor BERTIN qui remplit également les fonctions de Directeur
Achille DENISART
Louis GUYOT
Marcel DAMERY
Mais avec la crise dans l'agriculture et la mévente qui régnait, même les hommes
de bonne volonté avaient des vues différentes sur les problèmes agricoles.
C'est ainsi que la Société Coopérative Agricole à été créée également en 1934. le siège social
est établi chez Monsieur Emile GAILLARD, ferme du Petit Moulin qui en est le Président.
et les membres du Conseil: Messieurs Marc BELLOT, Emile DAVIAUD, Valère DEPRIESTER,
Paul GODELLE, Albert RAGOT, Pierre VIARD.
Les magasins utilisés appartenaient à la Famille FORTIN, installé à FERE depuis 1924,
et situé en face de la gare. L'utilisation de ce magasin était assorti d'un accord pour la gestion
avec les Frères FORTIN jusque 1936, date de la nomination de Monsieur Marcel FORTIN
comme Directeur de la Coopérative.
Le rapprochement des deux Coopératives a de tout temps été l'objet d'entretien,
soit des organismes de tutelle ou de responsables des Organisations Agricoles, sans résultat,
pendant plusieurs décennies.
Mais tout n'a pas été négatif pour cela et même sur certains points, très positif. Une
dynamique permanente était de rigueur pour assurer aux adhérents de chaque Coopérative,
un service et un résultat qui plaçait les Coopératives de FERE dans une très bonne moyenne,
parmi celles du Département.
Jusqu'à la fusion, les deux Coopératives travaillèrent donc, chacune dans leur secteur, sans aucun contact, mais également sans trop de heurts.
Pour la C.A.S.F.
la Présidence a été assurée par Messieurs:
Georges BERTIN de 1932 à 1951
Charles BERTIN de 1951 à 1974
Jacques DAMERY de 1974 à 1976
la Direction a été assurée par Messieurs:
Victor BERTIN de 1932 à 1948
Charles PIETREMENT de 1948 à 1976
André MESSONNET de 1976 à 1977
Pour la S.C.A.T.
la Présidence a été assurée par Messieurs:
Emile GAILLARD de 1934 à 1942
André BARROIS de 1942 à 1963
Pierre HEDOIN de 1963 à 1972
Michel PLOTIN de 1972 à 1977
la Direction a été assurée par Messieurs:
Marcel FORTIN de 1936 à 1943
Edgar FORTIN de 1943 à 1960
André MESSONNET de 1960 à 1977
La création de l'O.N.I.B. en 1936 fut à l'origine du développement des Coopératives
Agricoles et celles de FERE furent immédiatement agréées par cet organisme officiel, dont
le rôle principal fut la réorganisation du marché du blé et l'assurance d'un prix minimum
garanti.
La prise d'échantillon qui a été de tout temps le nœud de la guerre a fait l'objet de
multiples procédés pour être pratiquée aujourd'hui avec un système pneumatique
offrant, avec la rapidité d'exécution, les meilleures garanties pour tous.
Aussitôt la guerre 40/44, la S.C.A.T. qui ne disposait pas de séchoir, étalait les grains
humides, principalement les oléagineux, sur des bâches américaines sur toute la longueur
du quai militaire, c'était un énorme travail de manutention, mais on savait déjà utiliser
l'énergie solaire.
L'ensemble des céréales était acheminé sur les coopératives par les cultivateurs
eux mêmes, soit par des transporteurs spécialisés, comme Auguste GEIRNAERT, qui
transportaient les grains, les engrais, les semences, ou le betteraves pendant l'hiver.
C'est à cette époque que la Coopérative de Financement de récoltes des céréales
prend la dénomination de la Coopérative Agricole du syndicat de FERE-EN-TARDENOIS (C.A.S.F.)
A partir de cette date également, la S.C.A.T. exploite le moulin de ROLLEQUIN, et ce
jusque 1950, ce qui lui permit une bonne valorisation d'une partie des blés.
Les premières constructions sortent de terre en 1938, chez la C.A.S.F. avec un magasin
destiné au stockage en sacs et la manutention des grains , en 1949 le premier silo vertical
de 720 tonnes.
Chez la S.C.A.T. en 1939
avec un silo vertical pour le stockage en vrac de 1000 tonnes.
L'évolution des Coopératives a dû suivre nécessairement celle des adhérents dont
le nombre était en constante augmentation.
Malgré l'arrivée de la première Moissonneuse-Batteuse en 1931 chez Monsieur
STRAGIER à COULONGES, leur apparition ne fut effectives dans notre région qu'à partir
de 1950 et fut déterminante pour l'amélioration des moyens de réception, avec l'augmentation
de la capacité des trémies, dont la vidange est assurée pour certaines à 200 tonnes à l'heure.
Trois ponts de réception sont en service et équipés de pont-bascule 16 mètres- 50 tonnes
C'est loin des 140 T. en sacs mis sur wagons dans une journée, ce qui était considéré
comme un exploit et il fallait 6 hommes robustes pour accomplir cette tâche pénible. C"était
l'époque des sacs.
Pour le stockage et l'entretien dans de bonnes conditions, toutes les installations sont
équipées de la ventilation, d'appareils de nettoyage et de calibrage des grains pour les orges
de brasserie, assurant ainsi une meilleure valorisation de la marchandise.
Bien entendu, toute cette évolution s'est faite au cours des années et selon les
possibilités financières, et par souci d'économie, une partie des réalisations a été effectuée
par le personnel de la Coopératives.
Il est arrivé bien sûr que l'évolution plus rapide que prévu, remettre en cause les
réalisations, mêmes récentes.
La construction du bâtiment destiné au logement du matériel de la S.C.A.T., camions,
moissonneuses-batteuses, n'a jamais été utilisés comme telle, dès la première année, il a servi
de stockage des grains avec des suceuses comme matériel de manutention.
D'autre part, un magasin équipé pour la réception des grains battus en sacs par les
premières moissonneuses-batteuses, avec quai et multiples portes afin de permettre le
déchargement rapide et aisé, n'a servi qu'une seule année, aussitôt ce fût le battage en vrac.
Rapidement, il a donc fallu adapter ces magasins aux nouvelles techniques. Par contre
le magasins dit " Cathédrale de 1500 Tonnes" construit par la coopérative est enterré, d'une
profondeur de sept mètres et son aire de déchargement constituée par la surface de son
plafond est criblée de trous, permettant une vidange des véhicules de tout tonnage extrêmement
rapide, par gravité, et bien sûr sans énergie, il reste toujours une curiosité des spécialistes.
La commercialisation a eu aussi son évolution, la liberté de ventes des céréales, c'était
l'O.N.I.C. qui était chargé d'approvisionner la meunerie avec l'application d'un contingent
mensuel à chaque moulin dont le prix de facturation était fixé par décret et qui devait être scrupuleusement respecté. Ce fût donc un changement important en 1961, date de l'application de la libre vente des céréales, entraînant en même temps la libre concurrence.
70 % des ventes sont faites à l'exportation.
30% des ventes sur l'intérieur, dont une partie importante des blés, pour la meunerie locale,
et principalement les Ets CANARD qui furent de tout temps un client privilégié, ses farines
étaient bien sûr destinées à la boulangerie, mais également à l'exportation et la biscuiterie,
cette dernière fabrication exigeant des qualités et normes bien précises.
L'institution de la patente fût naturellement un événement important, qui malgré des
protestations à tous les niveaux, fût appliquée en 1974, ce qui fît supporter un effort financier
supplémentaire aux Coopératives depuis sa création.
L'activité approvisionnement, réduite pendant une grande période, ne s'est développée
qu'après la fusion des deux Coopératives.
Les services rendus aux adhérents ont été très divers au cours des années, certains ont
été poursuivis, d'autres abandonnés, n'ayant plus leur efficacité.
Les constructions de chaque Coopérative qui s'édifièrent chaque année ne laissèrent
entre-elles qu'une bande de terrain, appartenant à l'Administration des ponts et chaussées.
Acceptant de le vendre, mais ayant été sollicitée par les deux Coopératives, cette
Administration a demandé qu'un accord soit réalisé à l'amiable.
Ce fût donc le premier terrain d'entente en 1963 . Les constructions réalisées firent
l'objet d'un mur mitoyen en 1965. C'était donc le premier rapprochement, mais il était en
Béton armé.
La fusion des deux Coopératives a été réalisée sous le nom de la Société Coopérative
de la Région de FERE (S.C.A.R.F.) avec effet rétroactif au premier Juillet 1976.
Par ailleurs, la S.C.A.R.F., a repris le moulin CANARD avec une nouvelle appellation
"Champagne-Picardie-Farine" ; elle exploite ce moulin de concert avec la "Coopérative Agricole
de l'Arrondissement de Reims".
Sac de céréales La Batteuse Transporteur
cachets
Source : Rencontre n°35 1965
Henri Prieux, Fère-en-Tardenois, de la belle époque à l'ère industrielle, tome 2, page 260
Extrait du bulletin Municipal n°9 Avril 1988